Paris, Champs Elysées, 20 avril, 20h50. Un terroriste islamique tire sur un fourgon de police. Un policier est tué, un autre est gravement blessé.
Le terroriste essaie de s'échapper et tire à nouveau. Des policiers le tuent. Une heure plus tard, le Ministère français de l'Intérieur révèle le nom et le passé de celui qui vient d'être abattu. Il s'appelle Karim Cheurfi. C'est un Musulman français né dans une banlieue islamisée. Il a été condamné en 2003 à vingt ans de prison pour tentative de meurtre sur deux policiers. Il a été libéré avant la fin de sa peine. En 2014, il a tiré sur un policier et a été condamné à nouveau. Puis relâché à nouveau. En mars, la police a été informée qu'il tentait d'acheter des armes de guerre et qu'il avait contacté un membre de l'État islamique en Syrie. Des enquêteurs ont découvert qu'il avait posté des messages sur des réseaux sociaux djihadistes exprimant sa volonté d'assassiner des policiers. La police a fouillé sa maison et a trouvé plusieurs armes et une caméra vidéo GoPro semblable à celle que les terroristes utilisent pour filmer leurs crimes. La police et la justice françaises ont considéré ne pas avoir suffisamment de preuves pour le placer sous surveillance.
L'attaque terroriste des Champs Elysées montre de manière flagrante que le système de justice français est laxiste pour ce qui concerne les personnes dangereuses, et que la police française ne prête que peu d'attention aux suspects qui communiquent avec des organisations terroristes et qui semblent élaborer des projets terroristes.
Cette attaque constitue un résumé de tout ce qui dysfonctionne en matière de sécurité en France aujourd'hui.
Des hommes ayant un profil similaire à celui de Karim Cheurfi ont été, ces dernières années, responsables de la plupart des attentats terroristes commis en France et en Belgique: Mohamed Merah, l'assassin de soldats, de trois enfants juifs et du père de deux d'entre eux à Toulouse en 2012 ; Mehdi Nemmouche, l'assassin du Musée juif de Bruxelles en 2014; les frères Kouachi, auteurs du massacre à Charlie Hebdo en 2015; Amedy Coulibaly, le tueur de quatre Juifs dans le supermarché Hypercacher à Saint Mandé un peu plus tard ; Samy Amimour et les autres monstres qui ont mutilé et assassiné 130 personnes dans le théâtre du Bataclan en novembre 2015; Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui a utilisé un camion pour foncer dans la foule à Nice en juillet 2016, et qui a tué 86 personnes et en a blessé beaucoup d'autres, et aussi, entre autres, ceux qui ont décapité un prêtre en Normandie quelques semaines après l'attaque de Nice.
Les gouvernements français successifs sous la présidence de François Hollande se sont montrés effroyablement faibles et impuissants.
Un climat de peur s'est installé dans le pays. La frequentation des spectacles a diminué. La communauté juive a été, à l'évidence, particulièrement visée - les deux tiers des attentats commis en France au cours des cinq dernières années ont ciblé des Juifs -, et se sent abandonnée. Quand un cimetière juif a été vandalisé le 30 mars à Waldwisse, dans l'Est de la France, ni les médias ni les dirigeants politiques n'ont réagi. Une semaine plus tard, à Paris, une femme juive, Sarah Halimi, a été torturée, puis défenestrée par un Musulman, simplement parce qu'elle était juive: les médias français et les dirigeants politiques, à l'exception du courageux député Meyer Habib, n'ont pas réagi une fois encore. Un rassemblement silencieux a été organisé sur les lieux de la défenestration par certains dirigeants de la communauté juive. Seuls des Juifs sont venus; ils ont été accueillis par des insultes antisémites proférées par des Arabes musulmans vivant dans le quartier. L'implantation de l'islam radical dans le pays s'intensifie. Le rassemblement annuel de "Musulmans de France" (le nouveau nom de la branche française des Frères musulmans) s'est déroulé du 14 au 17 avril au Bourget, à quinze kilomètres au nord de Paris. Des diatribes anti-occidentales, anti-israéliennes et anti-juives ont été proférées devant une foule enthousiaste d'hommes barbus et de femmes voilées. Cent cinquante mille personnes sont venues.
Sur un plan économique, la France est en très mauvais état. Le taux de chômage est depuis longtemps supérieur à 10%. Neuf millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté - 14% de la population. La croissance économique est inexistante. Les dépenses publiques représentent 57% du PIB - 13% de plus qu'en Allemagne, le principal concurrent économique de la France en Europe.
Mois après mois, les sondages montrent que la population française est anxieuse, en colère, très déçue par les politiques menées dans le pays. François Hollande termine son mandat avec une cote de popularité proche de zéro. Il est si rejeté et discrédité qu'il a fini par décider de ne pas se presenter pour un second mandat.
Le premier tour de l'élection présidentielle française a eu lieu dans ce contexte, et on pouvait s'attendre à ce que la population française rejette tout ce qui ressemblait aux politiques de François Hollande et choisisse une nouvelle direction pour le pays.
Ce qui s'est passé est plutôt l'inverse.
Benoit Hamon, le candidat du Parti socialiste, a subi une défaite désastreuse et n'a recueilli que 6% des voix. Jean-Luc Mélenchon, un candidat d'extrême gauche qui a quitté le Parti socialiste il y a quelques années et qui a soutenu Hollande en 2012, a obtenu un résultat bien meilleur: 19% des voix. C'est un admirateur de Hugo Chavez, Fidel Castro, et du défunt dirigeant palestinien, Yasser Arafat. Peu après l'attaque islamique antisémite contre l'Hypercacher de Saint-Mandé, il a déclaré que « l'extrémisme juif est plus dangereux que l'extrémisme islamique ». Ces mots ne lui ont pas nui.
Mais surtout, Emmanuel Macron, un homme très proche de François Hollande est arrivé en tête, et sera sans doute élu président le 7 mai. Macron a été conseiller économique de Hollande pendant plus de deux ans, et architecte des politiques économiques inefficaces qui ont été menées. Il est ensuite devenu ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, et a tenu ce poste jusqu'à son entrée dans la compétition.
Photo : Emmanuel Macron, alors ministre français de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique de France, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le 22 janvier 2016. (source d'image: Forum économique mondial / Michele Limina)
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La plupart des discours d'Emmanuel Macron sont des copies conformes des discours de François Hollande lors de sa campagne présidentielle de 2012. Ce qu'on sait des positions de Macron sur la plupart des sujets montre que ce sont des positions identiques à celles que Hollande a prises au cours des derniers mois de son mandat.
Tout au long de la campagne, Macron n'a pratiquement jamais parlé du danger terroriste islamique; et quand il l'a fait, il a utilisé des mots plus faibles encore que ceux utilisés par Hollande. Après l'attentat des Champs-Elysées le 20 avril, il a déclaré que "l'impondérable" s'est produit et fera "partie de la vie quotidienne des Français dans les années à venir". Le lendemain, lorsqu'on lui a demandé ce qu'il ferait pour empêcher d'autres attentats, il a déclaré qu'il ne pouvait pas "concevoir un plan de lutte contre le terrorisme du jour au lendemain".
Quand il parle de l'économie, il parle comme Hollande: il utilise des termes vagues, et évoque le besoin de "mobilité sociale" et le "succès pour tous". Il insiste sur le fait qu'il maintiendra toutes les scléroses existantes, telles que la semaine de travail de 35 heures ou l'âge légal de départ à la retraite: 62 ans. Il a dit aussi qu'il entend laisser intact le système de retraite, pourtant au bord de la faillite. Il a promis des règlementations supplémentaires destinées à «sauver la planète» et, de manière classiquement socialiste, des dizaines de milliards d'euros d'"investissements" gouvernementaux censés financer la "transition écologique" et les "services publics".
Il lui est arrivé de tenir des propos si effarants que même Hollande ne les aurait pas tenus. En Algérie, en présence des représentants du Front de Libération Nationale, une organisation arrivée au pouvoir par le terrorisme, et qui a massacré des centaines de milliers de "harkis" (Algériens qui ont choisi la France), il a déclaré que la présence française en Algérie avait été un "crime contre l'humanité", et plus tard, il a promis de faciliter l'immigration venant du monde arabe et de l'Afrique vers la France en préservant une France "ouverte et accueillante". Il a promis aussi de contribuer à la construction de mosquées en France. Il a déclaré que "la culture française n'existe pas" et qu'il n'a "jamais vu" d'art français.
Il a souvent montré qu'il était un novice en politique et qu'il s'agissait de sa première campagne électorale. Il a parfois buté sur les mots de ses discours et a avoué à ceux qui l'écoutaient qu'il ne comprenait pas le sens des phrases qu'il venait de lire, ce qui a montré qu'il n'avait pas lu ce qui avait été écrit pour lui avant de lire en public.
Comment expliquer son succès dans ces conditions?
La première explication réside dans l'élimination du candidat de droite modéré. François Fillon avait un programme crédible et cohérent pour la redressement du pays, mais il n'a guère pu en parler. Sa campagne a été rapidement engloutie par un scandale d'emplois fictifs. Il s'est présenté comme un candidat impeccable: il est apparu n'être pas impeccable. Un livre publié récemment a révélé que le scandale avait été méticuleusement orchestré par un "cabinet noir" à l'Elysée. Fillon n'est jamais parvenu à s'en remettre. Ses excuses ont été faibles et contradictoires. Il a confirmé sa faiblesse en annonçant son soutien inconditionnel à Macron immédiatement après la publication des résultats du premier tour. Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, la droite modérée n'aura pas de candidat au second tour d'une élection présidentielle française. Révélant leur propre faiblesse, la plupart des dirigeants de la droite modérée ont suivi l'exemple de Fillon et ont décidé de soutenir inconditionnellement Macron.
La deuxième explication du succès d'Emmanuel Macron réside dans une stratégie de communication très élaborée.
Emmanuel Macron a bénéficié en permanence du soutien de François Hollande et de la plupart des ministres socialistes des cinq dernières années, mais une structure politique prétendument neutre et apolitique a été créée pour lui. Elle a été appelée En marche! Les ministres de Hollande ont rejoint graduellement En marche! et se sont tus. François Hollande n'a annoncé son soutien à Macron que très tardivement. La stratégie de communication a pu fonctionner car Emmanuel Macron a eu l'appui de milliardaires de gauche qu'il a aidé quand il était ministre de l'Economie : Pierre Bergé, Xavier Niel et Patrick Drahi. Ces hommes sont les propriétaires de la plupart des grands médias en France et ont mené des opérations de promotion médiatique intenses en faveur de Macron. Aucun candidat dans l'histoire des élections présidentielles françaises n'a été en couverture d'autant de magazines et de quotidiens. Emmanuel Macron a eu également l'appui des banques d'affaires françaises: il est diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration, qui forme tous les hauts fonctionnaires et presque tous les politiciens français depuis sa création en 1945 et, avant de rejoindre François Hollande, il a fait carrière dans une institution financière, où il a noué des liens.
La troisième explication du succès d'Emmanuel Macron tient au fait que la campagne de communication menée pour lui a été essentiellement dépourvue de tout contenu politique, comme En marche! Macron a été présenté comme un homme "jeune", incarnant le "futur", un "renouveau", un "espoir", le "changement". Pendant presque toute la campagne, Emmanuel Macron n'a pas eu de programme. Son programme n'a été publié, sur Internet, que six semaines avant l'élection. Le texte est souvent vide de sens. La peur y est définie comme une "angoisse quotidienne". Il y est dit que la France doit offrir des "opportunités" et que l'Europe doit être une "chance". Emmanuel Macron a déclaré aux socialistes qu'il était socialiste, puis a dit qu'il n'était pas socialiste lorsqu'il s'est adressé à un autre public. Les enquêtes d'opinion ont montré que nombre de ceux qui ont voté pour lui au premier tour ne connaissaient pas ses propositions sur quelque sujet que ce soit.
Ceux qui ont conçu la campagne d'Emmanuel Macron se sont beaucoup inspirés de la campagne présidentielle 2008 de Barack Obama, et le résultat montre qu'ils ont eu raison.
Le résultat est aussi très triste, car il montre qu'une campagne de communication massive peut être efficace, même si elle est faite de mots vides et semble prendre les électeurs pour des idiots. L'efficacité de la campagne d'Emmanuel Macron s'explique également par le fait qu'en France, pratiquement aucun média ne vient apporter un contrepoint à ce qui est énoncé dans les grands médias: l'économie française est une économie très étatique au sein de laquelle la création et la survie de médias indépendants du gouvernement et de subventions gouvernementales est presque impossible.
Le deuxième tour de l'élection présidentielle française aura lieu le 7 mai. Le candidat qui fera face à Emmanuel Macron sera la populiste Marine Le Pen.
Pendant toute la campagne, elle a été quasiment la seule à parler explicitement de la menace terroriste islamique (François Fillon l'a fait, mais bien plus discrètement) et à offrir des solutions crédibles pour combattre celle-ci. Elle a été la seule à parler de la montée en puissance de l'islam radical en France et à évoquer la réunion des Frères musulmans au Bourget. Elle a été la seule à souligner les problèmes croissants résultant de l'immigration incontrôlée et le risque de voir disparaitre la culture française. Elle a également été la seule à mentionner le changement démographique qui se produit en France et en Europe en raison des flux migratoires. Elle a été la seule aussi à dénoncer l'antisémitisme islamique qui ne cesse de tuer des juifs en France. Elle a malheureusement un programme économique presque marxiste, proche de celui de Jean Luc Mélenchon. Elle dirige le Front national, un parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, un antisémite d'extrême droite, et bien qu'elle ait exclu son père et pratiquement tous les amis antisémites de son père du Front national, elle est néanmoins la dirigeante du parti et la fille de son père.
Marine Le Pen et le Front national seront utilisés comme des épouvantails aux fins d'inciter les électeurs à se rassembler massivement derrière Macron, au nom d'un "front républicain" contre le "fascisme". La stratégie a été mise au point il y a trente ans par la gauche française, sous le Président François Mitterrand. Elle a toujours fonctionné, et dans quelques jours, elle fonctionnera à nouveau.
Macron a maintenant le soutien de l'ensemble du parti socialiste et celui de pratiquement tous les autres dirigeants politiques. Il a également le soutien de toutes les organisations musulmanes françaises. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a déclaré que les Musulmans doivent "voter massivement" pour lui. Les dirigeants de la communauté juive se sont également ralliés à Macron. Le 7 mai, il obtiendra probablement plus de 60% du vote.
La plupart de ces votes ne seront pas guidés par le soutien à un projet. Le risque est élevé que Macron déçoive les Français plus rapidement encore que Hollande. Les Français pourraient rapidement découvrir que Macron n'est qu'un homme choisi par la gauche française pour préserver un peu plus longtemps un statu quo insoutenable, et un membre d'une élite hautaine qui ne se soucie pas des problèmes des gens ordinaires, qui considère que les attentats terroristes sont "impondérables", et qui considèrent que les identités nationales peuvent se fondre dans une mondialisation sans frontières. Lorsque les Français découvriront qui est Macron, ils ne pourront revenir sur leur vote.
Le risque est que les cinq prochaines années soient douloureuses pour les Français. Selon la police, plus de 12 000 musulmans radicalisés vivent dans le pays, et la plupart d'entre eux ne sont pas sous surveillance. La police n'a pas les moyens de faire plus que ce qu'elle fait actuellement, et Macron ne semble pas s'en préoccuper. La justice est entre les mains de juges qui semblent très indulgents pour les terroristes, et Macron semble l'accepter. Le flux d'immigrants ne s'arrêtera pas, et Macron semble n'avoir pas l'intention de faire quoi que ce soit à ce sujet. De plus en plus, les Musulmans se séparent de la société française et créent des mini-états islamiques qui grandissent.
Rien de ce que Macron propose ne peut inverser le déclin de l'économie et de la société françaises. Des attentats terroristes se produiront sans aucun doute encore. Des Juifs et d'autres personnes seront tués encore. Des émeutes et des troubles surviendront encore.
Le soir du premier tour de l'élection, des émeutes ont eu lieu à Paris et à Nantes. Le soir du deuxième tour, des gens feront la fête dans les quartiers chic de Paris et dans les ministères. Dans les quartiers où vivent les pauvres, des voitures seront incendiées. Depuis plus d'une décennie, à chaque fois qu'il y a une soirée de fête en France, des voitures sont incendiées dans les quartiers où vivent les pauvres. Les immigrants non-intégrés ont leurs propres traditions.
Lors des prochaines élections, en 2022, la France, pays qui fut catholique, pourrait bien voir un candidat musulman se présenter - et l'emporter.